LE CES 2017 A LAS VEGAS

Cette nouvelle édition confirme l’attrait exercé par les nouvelles technologies sur les consommateurs, mais surtout sur les entreprises. Cinquante années plus tard, il n’en fallait pas beaucoup plus pour faire de ce rendez-vous unique de l’innovation technologique un temps fort pour prendre le pouls des tendances.

Article original publié par la revue Innovation et Immobilier, article disponible en ligne en suivant ce lien.

© Friso Gentsch / DPA /AFP

© Friso Gentsch / DPA /AFP

Il y a un an, dans une même chronique, nous découvrions les ressources et le potentiel de ces découvertes qui souvent relèvent du gadget, mais qui sont aussi annonciateurs de changements qui impacteront notre environnement.

La presse nationale a bien couvert ces quatre journées du 5 au 8 janvier : Pixel, le supplément du Monde, le spécial CES Les Échosl’Express, enfin les nouveaux médias tel Maddyness ont bien résumé le potentiel du salon. Une mention spéciale est réservée à Olivier Ezratty pour son reportage argumenté et affirmé qui est repris intégralement sur le blog Frenchweb.

Pour se résumer et se repérer, la grille de lecture de tout ce qui était présenté était lisible avec les mots clés suivants : l’intelligence artificielle, les objets connectés, les interfaces homme-machine, et enfin les transports.

Il nous a semblé cette fois intéressant de prendre un angle plus immobilier, d’associer ces progrès à nos marchés et d’anticiper leur influence à court terme.

En amont, on s’étonnera et on se réjouira de constater que ce salon, qui n’était pas jusqu’alors sur les radars des professionnels de l’immobilier, commence à intéresser les acteurs de notre secteur. Après tout, en cinquante années, il y a eu de nombreuses propositions, des « ruptures » qui étaient de nature à nous inspirer. Signe du temps, innover est désormais un mantra, répété par chacun avec l’espoir et l’envie de sortir de sa zone de confort.

Pour l’immobilier et la délégation française, seule BNPPRE avait fait le déplacement en étant présent sur un stand, en association avec La Poste et Legrand, pour promouvoir des initiatives dans les domaines des objets connectés. La connectivité des immeubles et la Smart city, sont dans le viseur. On retiendra que les promoteurs proposeront désormais des services dans les immeubles en exploitant les ressources des objets connectés. Mais également en utilisant le parc immobilier comme la matrice d’un réseau, à potentiel de données.

BNPPRE exposait au sein de la place de marché « smart home » qui était très bien représentée, 192 exposants (sur un total de 3800). Coldwell Banker le géant de l’immobilier résidentiel US, filiale du fonds Apollo, était le sponsor principal de cette « marketplace » qui annonce une tendance structurelle de notre secteur. Le résidentiel offre aux industriels des débouchés naturels avec des capteurs, des objets connectés au sein des programmes neufs et du parc ancien. Si la technologie est embarquée de longue date dans les phases de seconds œuvres, au sein des immeubles, pour la première fois les services marketing en charge de la vente des programmes perçoivent un intérêt à faire la promotion de ces outils. Carrier, Legrand, Sumitomo et beaucoup d’inconnus faisaient la promotion de leur innovation dédiée à la surveillance, la régulation thermique… pas très « sexy », mais suffisamment pour que les majors de la commercialisation décident de s’y intéresser et de tenter une voie de différentiation.

Et qu’en est-il pour l’immobilier d’entreprise ? Des solutions étaient en démonstration, plus conventionnelles, déjà connues et identifiées par les experts de la gestion immobilière et des services de « facility management ». Des propositions de types bornes pour le rechargement électrique de véhicules ou des outils portables, pour suivre et tracer des déplacements et envoyer des alertes, à des effectifs en mobilité, mais rien de révolutionnaire.

Dans le même temps, les principaux blogs américains, de façon surprenante, sont silencieux sur cet événement majeur. Est-ce à dire que l’immobilier d’entreprise se sent encore très peu concerné ?

CBRE, d’ailleurs, boudait l’événement et annonçait en marge du CES, le 3 janvier, l’acquisition de Floored, une application permettant de faciliter l’édition de simulations en 3D et, du même coup, renforce ses équipes innovations avec les fondateurs de cette solution. C’est pour ce conseil un cap vers plus de services et une productivité accélérée pour mieux positionner une offre locative.

À terme, on peut prédire une convergence accrue entre les industriels et le secteur de la construction et de la promotion immobilière. Une veille accrue sera a minima nécessaire au sein des services études et recherche des leaders du secteur, pour anticiper et accompagner le marketing de leurs opérations neuves. BNPPRE a été pionnier et a montré la voie.

Si la réalité virtuelle, les drones et les objets connectés, mais aussi l’intelligence artificielle, étaient cette fois encore au cœur des présentations et faisaient l’actualité, les professionnels de l’immobilier ne les utilisent pas encore massivement. La véritable justification de leur déplacement doit être trouvée dans un développement commercial plus informel, loin de leur base, en amplifiant leur réseau relationnel et en rencontrant de nouveaux acteurs. C’était le sens du Hub, emmené cette année par La Poste.

De son côté, le réseau désormais puissant des start-up françaises, troisième délégation nationale après les USA et la Chine, était entouré par la délégation française et les politiques. C’est une facette positive de cette manifestation, qui recrée une bulle, où les contacts vont pouvoir s’établir très facilement et de façon privilégiée entre des acteurs qui ont le plus souvent du mal à se rencontrer sur le territoire national.

L’année prochaine sera certainement le bon moment pour organiser une visite avec les moyens d’une véritable organisation, à une bonne poignée d’entre nous. Une société de services proposait cette année pour environ 2 900 € un séjour avec un accompagnement couvrant le « pitch » jusqu’au débriefing. Prenons-rendez-vous en janvier 2018 avec une délégation construite autour de Business Immo.

Laurent Lehmann